Histoire du blason de Paris      Page d'accueil

Les premiers habitants de Lutèce étaient des insulaires, aussi dès la formation de la Citée, ils se livrèrent à la navigation. Sous le règne de Tibère, les navigateurs parisiens (Nautae Parisiaci) élevèrent à Jupiter un autel, dont les fragments furent retrouvés dans l'île de la Citée, sous le - chœur de Notre Dame au cours des fouilles effectuées en 1710. Une pierre de cet autel conservée au musée de Cluny porte la mention en latin "Sous Tibère César Auguste, les navigateurs parisiens ont élevé publiquement (ce monument) à Jupiter très bon, très grand". Donc, déjà le "Nautae Parisiaci" formaient une société reconnue, par la puissance publique qui régissaient alors Lutèce.

En 1210, Philippe Auguste, était roi de France. Il concéda des droits et privilèges de Prévôté à la puissante corporation des marchands de l'eau de Paris (Mercator aquae Parisius) qui avait déjà reçu des privilèges de Luois VII dès 1170.

- Les marchands de l'eau, avaient seuls, d'amener par voie fluviale des denrées sur le port de Paris. Ils possédaient le privilège exclusif de la navigation sur la Seine, en aval des ponts de la Citée et jusqu'à Mantes. Aucun marchand n'appartenant pas à la Corporation, ne pouvait pénétrer dans ce riche bassin sans être conduit par l'un d'entre eux ou son représentant. Si l'on songe à la facilité que présentait la voie fluviale à cette époque pour les grands transports et les difficultés qu'il y avait alors, les effectuer par terre (l'insuffisance, le peu de sûreté et le mauvais état des routes) ce monopole fut la source de la richesse de cette corporation.

 - Le symbole le plus naturel de ce commerce, le bateau de rivière est parvenu jusqu'à nous, par le sceau de 1210 défini ci-dessous. En scellant leurs actes privés et publics du sceau représentant ce modeste bateau, la Prévôté de Paris appartenant à cette riche Corporation transmis cette emblème à la collectivité des citoyens.

- En 1356, le Dauphin Charles était Régent du Royaume depuis la captivité de son père, le roi Jean le Bon à Londres. Depuis 1355, Etienne Marcel riche drapier, Prévôt des marchands, était le maître tout puissant de Paris. Il fit égorger dans le palais royal, le 22 février 1358, les maréchaux de Champagne et de Normandie, conseillers du dauphin, et cela si près de lui que le sang des victimes avait jailli sur sa robe. Craignant pour sa propre vie, le dauphin, alors âgé de 21 ans, avait invoqué la pitié de ce bourgeois, ordonnateur du massacre. Etienne Marcel le couvrit alors de son insolente et efficace protection en lui mettant sur la tête, comme marque de salut, son chaperon mi-parti bleu et rouge (couleurs qu'il avait adoptées et qui demeurèrent celles du blason de la ville). Le dauphin avait dû quitter Paris en fugitif, couvert d'outrages et d'humiliations. La rébellion de Paris s'était étendue aux principales villes du royaume et sous le nom de "Jacquerie" avait porté partout la désolation dans les campagnes. Le 31 juillet 1358 Etienne Marcel fut massacré par l'échevin Jean Maillart au moment où il allait trahir la cause de la France, en livrant la porte et la bastille de Saint-Denis à Charles de Navarre, dit le Mauvais, allié aux Anglais.

- Au mois d'avril 1358, le sceau de la ville ne portait pas encore de fleurs de lis elles n'apparaissaient  qu'en décembre de la même année, donc après la mort d'Etienne Marcel. Les symboles avaient à cette époque une particulière importance, aussi comme gage de réconciliation, le nouveau Prévôt Pierre Gencien voulant faire oublier l'outrage de ses prédécesseurs et considérer le Régent comme le protecteur et maître de cette barque symbolique, introduisit alors les fleurs de lis dans le nouveau sceau de la ville. A partir de cette date : 1358, les fleurs de lis accompagnent toujours la nef de Paris (sauf sous le Ier empire en en 1848) ; seule la place qu'elles occupent et leur nombre, sera variable ce qui est la preuve évidente qu'elles ne sont pas une concession régulière.

- Le sceau de Paris, ayant été perdu ou volé en 1417 c'est à partir du sceau de 1426 que le semé de lis de France occupe exclusivement et pour ne plus en sortir désormais, le chef de l'écu. Ce chef fleurdelisé apparut cependant dès février 1415, ainsi qu'en témoigne une lettrine enluminée d'une ordonnance royale sur le codes des libertés et droits communaux de la ville.

Symboles de Paris

- sceau de 1210 (en cire naturelle. Scel de la "Marchandise de l'eaue". Légende : "Sigillum Mercatorum aque Parisius" appendu sur double queue en parchemin au bas d'un cirographe relatif à un accord sur la vente du sel, entre les marchands de Paris et ceux de Rouen. Sceau conservé aux Archives Nationales N° DD 5582.

- sceau de 1393 (en cire rouge) apposé sur les anciens actes du parloir aux bourgeois, conservés dans les archives de l'Hôtel de Ville. (Apparition des fleurs de lis dans le sceau de Paris).

- sceau de 1412 (en cire rouge). Légende : "Sigillum Mercatorum aque Parisius" appendu sur un acte de vente d'une maison, faite au Collège de Bourgogne par un écrivain libraire de Paris par devant le Prévôt des Marchands Pierre Gencien le 12 octobre 1412. Sceau conservé aux Archives Nationales N° DD 5585, (les fleurs de lis figurent rangées sur la voile, et la nef est accompagnée de deux autres fleurs de lis ornant le fond de sceau). Lors des fêtes du bimillénaire du Paris en 1951, un timbre poste de francs fut émis reproduisant le trait de ce sceau de 1412 posé sur les coloris mi-parti bleu et rouge de l'Échevinage.

- Blason de 1556 - sur ordonnance de la "Prévoté des Marchands".

- Blason de 1699 - Brevet d'enregistrement à l'Armorial général de France le 27 février 1699, registre 3 N° 550.

- Blason de 1735 - sur le plan Turgot.

- Sceau de 1792 - Les trois couleurs arborés par Lafayette et Bailly devenues couleurs nationales, deviennent quelque temps celles de la ville (à noter que les coloris sont inversés, le rouge étant en haut, l'azur en bas). Après 1792 et jusqu'à 14795, sur les sceaux républicains, figurait la mention "Liberté, Égalité ou la Mort)".

- Blason de 1811 - Lettres patentes de Napoléon Ier du 29 janvier 1811. Chef des bonnes villes impériales : trois abeilles, et la déesse Isis assise à la proue de la nef.

- Blason de 1817 - Lettres patentes du 20 décembre 1817, après décision royale du 6 du même mous. La modeste nef des navigateurs parisiens a été transformée en navire de haut bord !

- Blason de 1848 - Relevé sur une plaque de gardiens de cimetières. La chef fleurdelisé a été remplacé par un semé d'étoiles. La nef est du genre bateau lavoir !

- Blason de 1853 - Décision préfectorale du 24 novembre 1853. A noter que sous le second empire, Napoléon III a permis le chef fleurdelisé de France pour le blason de Paris.

- Blason de 1924 - Reconduit par le décret de 1949. Les fleurs de lis sont transformées en piques de grilles. La nef semble sombrer. La figuration des ondes est interrompue sans raison, vers la pointe.

- Blason de 1942 - Arrêté préfectoral du 20 juin 1942, approuvant les travaux de la commission d'héraldique urbaine de la Seine, qui a proposé de reprendre, en le modernisant, le dessin de la nef figurant sur le sceau de 1412.

 

 

- Au centre, grandes armes de la ville de Paris établies selon les usages de l'art et de la science héraldiques. Elles s'énoncent comme suit :

Blason : De gueules à la nef équipée d'argent voguant sur les ondes du même, mouvant de la point ; au chef d'azur, semé de lis d'or.

- au centre : la Légion d'honneur (décret du 9 octobre 1900)

- à dextre : la Croix de la Libération (décret du 24 mars 1945)

- à senestre : la Croix de Guerre 1914-18 (décret du 28 juillet 1919).

 

Ornements extérieurs : l'écu timbré d'une couronne murale d'or à cinq tours crénelées et soutenu par deux branches : de chêne (à dextre) et de laurier (à senestre) au naturel, croisées en pointe en sautoir, retenant un listel de parchemin chargé de la devise en lettre romaines de sable "Fluctuat nec mergitur" . Les décorations au naturel, sont appendues à la pointe de l'écu.

 
 

Les rameaux de chêne et de laurier symbolisent le comportement héroïque de la ville à diverses périodes de son histoire

 
 

la couronne crénelée rappelle la ville ancienne à l'abri de ses remparts, elle affirme aussi son indépendance vis-à-vis du pouvoir central

 

 

Texte rédigé par Robert LOUIS
Conseiller technique de la Société française d'héraldique et de sigillographie

Extrait de la plaquette "Symboles de Paris"
évocation d'histoire
Diffusion "Le temps retrouvé" Paris V


©Jacques CUNY 25/11/2011

armoiries de la ville de paris sur les bâtiments