Histoire des plaques de nivellement      Page d'accueil

 

Texte rédigé par Marc Declerck

Extrait de la revue Paris Villages numéro 9 (février, mars 2005) page 44.

 

En se promenant au gré des rues de Paris, certains d'entre vous auront peut-être déjà remarqué ces plaques en fonte, scellées aux angles des rues, sur les murs des quais, en partie basse de quelques immeubles... Certaines sont encore visibles et surtout lisibles, d'autres sont complètement indéchiffrables, rongées par la rouille et l'usure du temps. Il s'agit en fait de plaques de nivellement datant de la fin du 19ième. siècle. Alors, avant de décrypter leur contenu, parlons un peu d'histoire.

· En 1607, paraît le premier édit concernant le nivellement de Paris. Il confie au grand Voyer la tâche de veiller à ce que les pavés neufs des rues soient bien posés et qu'ils ne soient pas plus élevés que ceux existant dans le voisinage.

· En 1725, un arrêt du conseil d'État interdit à tout propriétaire d'une maison de la ville ou des faubourgs de Paris, architecte ou maçon, de poser un seuil de porte plus haut ou plus bas que le niveau de pente du pavage des rues.

· En 1811, pour distribuer les eaux de l'Ourcq et connaître tous les points où celle-ci peut être acheminée par gravité, l'administration municipale exprime le souhait que des plans de nivellement soient joints aux plans d'alignement déjà existants.

· En 1852, un décret-loi entérine ce vœu.

· En 1856, un arrêté du préfet de Seine en date du 31 mai, précise que le nivellement sera rapporté au point zéro, niveau moyen de la mer à Marseille.

Le premier relevé du relief de la capitale peut commencer.

Des repères de nivellement, aux armes de la Ville, sont alors scellés sur certains immeubles :

il s'agit de plaques de fonte de 25 cm de large sur 20 cm de haut. Le mot "repère" figure, en creux, sur le petit débordement supérieur, qui sert à protéger les plaques des intempéries.

Ces repères portent trois ordonnées de comparaison.

La cote se rapportant au zéro de l'échelle du pont de la Tournelle: il s'agit du niveau des plus basses eaux de la Seine en 1719, soit 26,25 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cette cote sera utilisée pour établir le tracé des futurs égouts qui doivent, par gravité, se rejeter dans la Seine.

La différence entre la cote du niveau des eaux du bassin de la Villette (51,49 m), augmentée de 50 mètres (soit 101,49 m) et l'altitude par rapport au niveau moyen de la mer. Cette cote sera utilisée pour concevoir la distribution, par gravité également, des eaux dites potables, provenant de ce même bassin.

La cote par rapport au niveau de la mer: cette cote est inscrite sur les plans délivrés aux particuliers.

Toutes ces indications figurent sur le grand plan de Verniquet, plan qui sera encore utilisé jusqu'à la fin du 19ème siècle.

Marc Declerck

Petit exemple pratique d'un repère de nivellement situé 8 rue des Grands-Augustins dans le 6ème arrondissement.

En très bon état de conservation, la nef de Paris ainsi que les trois ordonnées d'altitude y sont parfaitement lisibles.

8,74 m au-dessus de l'étiage au pont de la Tournelle

34,99 m au-dessus du niveau moyen de la mer:

Altitude de l'étiage à l'échelle de la Tournelle ............... 26,25 m

Hauteur au-dessus de cette cote. .............................. + 8,74 m

Total.................................................... .... = 34,99 m

66,50 m :nivellement de Paris:

Niveau des eaux du bassin de la Villette + 5O m.................101,49 m

Altitude au-dessus du niveau moyen de la mer ..................- 34,99 m

Différence ....................................................= 66,50 m

Alors si vous avez envie d'aller voir par vous-même quelques-unes de ces plaques, voici quelques adresses.

· Angle rue des Archives et rue des Francs-Bourgeois : ce repère est associé à une autre plaque en fonte de la même époque, portant également les armes de Paris.

· Rue de Sévigné: sur le mur de l'annexe du musée Carnavalet.

· Sur la fontaine Boucherat, à l'angle de la rue Charlot et de la rue de Turenne: lors de la rénovation de cette fontaine, le repère a été scellé trop haut et surtout, il a la tête en bas...

· Rue de Bièvre, à l'angle du quai de la Tournelle.

· Rue Jean·Pierre Timbaud, angle rue Amelot: sa partie gauche est totalement illisible.

- Eglise Sainte-Elisabeth, rue du Temple.

Texte rédigé par Marc Declerck

Extrait de la revue Paris Villages numéro 9 (février, mars 2005) page 44.


©Jacques CUNY 29/07/2007

armoiries de la ville de paris sur les bâtiments